vendredi 5 octobre 2007

Le contrat

"Dès les premières années de leur amour, il avait été décidé, entre Karel et Markéta, que Karel serait infidèle et que Markèta l'accepterait mais que Markèta aurait le droit d'être la meilleure et que Karel se sentirait coupable devant elle. Personne ne savait mieux que Markèta combien il est triste d'être la meilleure. Elle était la meilleure, mais seulement faute de mieux. (...) Quand elle allait au lycée, elle était indomptable, rebelle, presque trop pleine de vie. Son vieux prof de maths aimait bien la taquiner : Vous, Markèta, on ne vous passera pas la bride ! Je plains d'avance votre mari. Elle riait avec fierté, ces paroles lui semblaient d'heureux augure. Et, d'un seul coup, sans savoir comment, elle s'était retrouvée dans un tout autre rôle, contre son attente, contre sa volonté et son goût. Et tout cela, pour ne pas avoir été sur ses gardes pendant la semaine où elle avait à son insu rédigé le contrat."
Cette idée qu'exprime Kundera dans Le livre du rire et de l'oubli me turlupine depuis quelques temps. En la recopiant, je me rends compte que le style n'est peut-être pas si élégant que cela finalement, ou alors que ces phrases, sorties de leur contexte, s'affadissent. En fait, tout à coup m'est revenue en mémoire la chanson de Souchon : "Tu la voyais pas comme ça ta vie, pas d'attaché-case quand t'étais petit, on va tous pareil moyen moyen, la grande aventure tintin, moi aussi j'en ai rêvé des rêves tant pis, tu la voyais grande et c'est tout une petite vie".
La comparaison vaut ce qu'elle vaut. Soit. La prochaine fois, j'aborderai la théorie de la litost, chère à Kundera, ce qui élèvera, espérons-le, le niveau de ce blog.

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