vendredi 18 janvier 2008

It's a wonderful film



Dernier ravissement cinématographique : It's a wonderful Life de Frank Capra. Jouissif, idéaliste, généreux, tear-jerking comme il faut. Malgré l'aspect apparemment boy-scout du film (qui date de 46), il y a des scènes que j'ai même trouvées sensuelles. En fait, il y en a une : celle où Mary Hatch (Donna Reed) et George Bailey (James Stewart) - qui ne se sont pas encore déclaré leur flamme - , en pleine conversation téléphonique avec un ami new-yorkais, se partagent le combiné. J'ai rarement vu au cinéma une scène qui traduisait aussi bien le désir.
A propos de James Stewart, qui est décidément un de mes acteurs favoris (cf Vertigo, Rear Window, You Can't Take It With You, un autre film prodigieusement original de Capra), Martin Scorcese ne tarit pas d'éloges. Dans Mes plaisirs de cinéphile (Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma), un livre d'entretiens intéressant mais mal relié et truffé de coquilles, Scorcese y dévoile non seulement sa folle érudition (ce qu'on savait déjà depuis son documentaire sur le cinéma américain et italien) mais aussi sa générosité. Ce type a par exemple beaucoup de respect pour les acteurs. Il ne dit jamais de mal de personne. Bref, il considère James Stewart et Robert Mitchum comme "deux des plus grands acteurs de l'histoire du cinéma" :

"Ces deux acteurs a priori si opposés partageaient quelque chose d'essentiel. Le malaise de l'Amérique d'après-guerre fit de Mitchum une star et redessina radicalement l'image de Stewart – qui, lui, était déjà une star. (...) Après la Seconde Guerre Mondiale, une sorte d'obsession s'infiltra dans le travail de Stewart : une solitude, une colère profonde contre l'univers entier. Si le Stewart d'avant-guerre témoignait de quelque chose d'essentiellement américain, le Stewart d'après-guerre touchait à une dimension universelle. Le nouveau tournant dans la carrière de Stewart s'amorça avec It's a Wonderful Life (1946), dans lequel il déploie toute l'énergie dont il pouvait faire preuve pour jouer un homme au bout du rouleau (...). Ce fut dans les huit films qu'il tourna avec Anthony Mann (de Winchester 73, en 1950, à L'Homme de la plaine, en 1955) que Stewart put montrer cette nouvelle profondeur, un mélange de grande compassion, de colère inépuisable et de rage physique extrême" (p.113-115).

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